Le blog du Fonds Afrique Développement (FADEV | www.fadev.fr)

Ressources et réflexions sur l'entrepreneuriat social en Afrique!

lundi 1 décembre 2014

Des opportunités pour les entreprises sénégalaises....


    Pour sa marche vers l’émergence, le Sénégal a décidé d’adopter une nouvelle stratégie de développement, « le Plan Sénégal Emergent (PSE) 2035 » dont l’objectif est de faire de lui un pays émergeant à l’horizon 2035. Dans le cadre de ce projet, le gouvernement a lancé en septembre dernier la construction d’un nouveau quartier moderne à Dakar appelé « Cité de l’émergence ». Ce chantier de construction de logements composé de 17 tours de 10 étages chacune a été confié à une entreprise marocaine, le Groupe Addoha.
       C’est le premier d’une série d’infrastructures planifiées par le gouvernement dans tout le pays. Si son octroi à une compagnie marocaine souligne la bonne dynamique de la coopération Sud-Sud au Sénégal, il est également révélateur de la difficulté  pour les entreprises locales à remporter la maîtrise d’ouvrage de grands travaux publics.

      Reste que le chantier générera des bénéfices indirects pour les PME de la place, par la sous-traitance de plusieurs activités ou encore le transfert d’expériences et de compétences de cette collaboration avec le Groupe Addoha. Avec plus de 1200 emplois directs et indirects prévus, d’autres secteurs pourront également tirer leur épingle du jeu.


    Pour maximiser l’impact des Investissements Directs Etrangers et gérer localement une plus grande partie de la commande publique (dans la perspective d’un développement plus endogène donc), le Sénégal doit privilégier l’éclosion d’un secteur privé plus solide financièrement et techniquement. En effet, aujourd’hui, le tissu économique sénégalais est composé à 80/90% de PME (dont environ 80% de très petites entreprises évoluant en majorité dans le secteur informel) qui ne produisent que 20% de la valeur ajoutée nationale.
  
     Une des grandes difficultés rencontrée par l’entrepreneuriat local reste l’accès au financement de leur développement, qui entrave les perspectives de développement et d’investissement des PME, que cela soit pour accroître les capacités, améliorer l’appareil productif, renforcer leur fonds de roulement face à des marchés importants …. Sans ce bon quantitatif et qualitatif, le pays restera confronté à une majorité d’acteurs trop petits pour entreprendre à grande échelle, et à l’émiettement des compétences.  Le faible niveau d’inclusion financière des PME est ainsi un élément central pour résoudre le nécessaire développement du secteur privé, dont le seul recours est très souvent limité aux ressources financières du promoteur ou du gérant.
  Dans ce contexte, les fonds de capital-risque / capital investissement constituent une opportunité réelle de financement pour ces entreprises qui disposent de réels savoir-faire à valoriser. En renforçant le haut de bilan des PME, les fonds d’investissement en capital risque solidaire facilitent ensuite l’accès des PME aux crédits bancaires.


mardi 14 octobre 2014

Les fonds de capital-investissement étrangers en Afrique (Jeune Afrique)

« Les fonds de capital-investissement représentent un nouveau levier de croissance pour les entreprises africaines, pour qui le système de prise de participation de leur capital n’est plus un sujet tabou, au contraire. »

C’est en essence le message qui transparaît d’un récent article paru dans Jeune Afrique. Rédigé suite au constat de la réussite croissante des fonds d’investissement étranger en Afrique (aujourd’hui médiatisé à travers le rachat d’Ariflora par KKR), l’auteur juge que les mentalités ont suffisamment évolué, en parallèle des limites du système bancaire aussi surliquide que prudent, pour permettre un essor durable de ces nouveaux modes de financement et d’accompagnement.

Si les financements disponibles se multiplient et croissent, seront-ils tous accompagnés d'objectifs de développement durable? Espérons que les deux tendances se conjuguent pour que les retombées positives pour les populations soient au rendez-vous.



mercredi 24 septembre 2014

Le FADEV participe à un atelier d’échange d’idées organisé par MakeSense !


MakeSense c’est quoi ? Avant tout un projet ouvert construit par une communauté internationale. Il permet de faire rencontrer des entrepreneurs ayant une mission économique et sociale avec des professionnels du secteur, des étudiants, médias, associations et toutes les personnes intéressées qui souhaiteraient apporter des idées pour les aider à répondre à une question qu’ils se sont posés. 

Le FADEV a posté un défi sur makesense.org (accessible ici) qui a suscité beaucoup d’intérêt auprès de la communauté MakeSense. Nous allons participer ensemble à un premier événement et essayer de trouver des réponses à la question suivante :

« Comment construire une communauté d'investisseurs solidaires issue de la diaspora africaine ?

Définir des pistes méthodologiques innovantes nous permettant d'atteindre cet objectif et ainsi d'encore mieux accompagner le développement de petites entreprises sociales et performantes en Afrique francophone. »

L’accès est libre à tous, ceux qui souhaitent participer et apporter des idées nouvelles peuvent venir nous rencontrer à l’occasion de cet événement le jeudi 25 septembre à 19h au siège de MakeSense au 11 rue Delouvain dans le 19è arrondissement de Paris.

jeudi 18 septembre 2014

Crowdfunding : pourquoi des disparités nord / sud ?

Le crowdfunding, en plein essor dans les pays développés, se diffuse timidement dans les pays en développement, alors même qu’il semble être adapté pour répondre aux défis de développements humain, social et économique de ces pays. Près de 99% des 5 Mds$ collectés en 2013 proviennent d’Europe et d’Amérique du Nord.

Les pays de la méditerranée n’échappent pas à ce constat. Au moment où la rive nord observe une augmentation sensible du nombre de plateformes et des fonds levés ainsi que l’émergence de nouveaux cadres réglementaires propices (France, Angleterre, Espagne…), la rive sud totalise uniquement une dizaine de plateformes de crowdfunding. A l’exception de la libanaise Zoomaal, la majorité des plateformes rencontre des difficultés à drainer les fonds d’une manière substantielle vers les projets.

Ces plateformes de crowdfunding doivent faire face non seulement aux réglementations inadaptées et contraignantes pour leurs activités, mais également aux freins structurels liés à la faible pénétration d’internet,  des réseaux sociaux et du paiement en ligne dans les populations du sud (41% de taux de pénétration d’internet et 27% de taux de pénétration des réseaux sociaux). Les plateformes sont alors tentées de séduire les diasporas pour les inciter à financer davantage des projets dans leurs pays d’origine.


Une étude de la Banque Mondiale estime le potentiel du crowdfunding dans les pays en développement à 94 Mds$ par an à horizon de 2025, dont 5,6 Mds$ pour la région Afrique du Nord et Moyen Orient. Ces perspectives positives laissent entrevoir un développement soutenu du crowdfunding pour la prochaine décennie, porté notamment par la forte croissance de l’internet mobile.  


mardi 16 septembre 2014

…MAIS LEUR FINANCEMENT CONSTITUE ENCORE UN BLOCAGE (2/2)

Malgré la contribution reconnue et évidente des PME africaines au développement du continent, ces dernières font toujours face à de nombreuses ambiguïtés, en particulier lorsqu’il s’agit de leur financement.

Le développement des chaînes de valeur en particulier, assurance d’une plus grande création de richesse sur le continent africain, est souvent entravé par l’incapacité des PME à investir à grande échelle dans les niches naissantes. La difficulté à financer les investissements en matériel et en formation ou les besoins en fonds de roulement deviennent alors préjudiciables à l’éclosion de grandes filières productives. Selon les cas de figure, la mise à jour des équipements, des savoir-faire ou encore des processus doit aller de pair avec une montée en gamme et en capacité, actions pour lesquelles l’expertise fait défaut.

Ainsi, la capacité des PME à grandir et accentuer leur impact positif reste tributaire des outils de financement disponibles. En effet, malgré un marché local en pleine expansion et des perspectives de croissance qu’on ne trouve que difficilement dans les économies du Nord, aucun produit financier ou interlocuteur ne semble parfaitement adapté à leur situation, comme le schématise la figure ci-après.


  • La première possibilité aurait pu être le système financier décentralisé, où l’on retrouve notamment les Institutions de Micro-Finance, mais il s’avère inadéquat. Ces acteurs se consacrent essentiellement à des micro-prêts et arrivent rarement à répondre à des demandes plus importantes. Quand bien même, les taux d’intérêt demeurent très élevés (très souvent supérieurs à 15%) et les échéances trop courtes pour convenir aux réalités des PMEs.
  • Officiellement les banques commerciales affirment que des prêts du montant moyen demandé par les PME (entre 10 000€ et 100 000€) ne seraient pas rentables pour leur volume d’activité. A vrai dire, les crédits octroyés aux grands groupes locaux ainsi que les prêts immobiliers aux particuliers représentent une manne très sûre et très rentable qui n’est pas suffisamment épuisée pour se décider à pénétrer un nouveau segment. Ainsi, le marché des PME où les projets sont perçus comme plus risqués, malgré l’abondance d’outils de garantie, tarde à être investi par les banques. Les taux d’intérêt à deux chiffres peuvent également s’avérer dissuasifs. Certaines institutions bancaires spécialisées, principalement dans le secteur agricole, recueillent néanmoins de bons résultats en développant des produits adaptés aux rythmes de production et aux besoins spécifiques des agriculteurs, elles restent cependant minoritaires.
  • Les fonds d’investissement classiques, s’ils peuvent s’intéresser à des PME, privilégient malgré tout les sociétés bien établies notamment celles à la recherche de leviers financiers pour mobiliser davantage de capital et ainsi mutualiser le risque. En général, la nature de leurs investisseurs et leurs capacités renforcent les impératifs de rentabilité, impliquent des stratégies de sortie sûres et imposent des économies d’échelle, auxquels souvent seules les plus grandes PMEs permettent de répondre.

C’est conscient de cette situation que depuis plusieurs années, le Fonds Afrique, devenu en 2014 le Fonds Afrique Développement (FADEV) propose un positionnement novateur et salutaire :
  • Il investit exclusivement dans des PMEs en développement, pour un montant de financement où la demande est forte et l’offre faible ou encore peu adaptée.
  • Il propose une assistance complète. En investissant dans une entreprise, le FADEV en devient actionnaire minoritaire et met en place un accompagnement technique sur mesure. Celui-ci est assuré par un cabinet local issu du réseau FADEV sélectionné pour son sérieux, qui peut également être appuyé par des souscripteurs bénévoles.
  • Il promeut une vision et des vocations solidaires. Le FADEV est une coopérative dont le capital est détenu par des particuliers ou partenaires soucieux du développement économique et social de l’Afrique. Avec un risque mutualisé et des attentes de rentabilité modérées, les souscripteurs et les entreprises du portefeuille partagent la même ambition : la réussite des bénéficiaires.


LE DÉVELOPPEMENT ENDOGÈNE DE L’AFRIQUE DÉPEND DE SES PME… (1/2)

Les PME africaines constituent aujourd’hui le principal levier de développement du continent, par le potentiel qu’elles représentent mais aussi à cause du retard accumulé par les politiques publiques sur ce thème.

En effet, les grands programmes d’investissement et l’aide internationale ont jusqu’à présent consacré l’essentiel de leurs ressources à attirer de grands investisseurs ou à soutenir des projets d’infrastructure et de développement social. Si ces enjeux sont des conditions essentielles au décollage économique de l’Afrique, ils s’avèrent insuffisants sans un tissu d’entrepreneurs dynamiques et disposant des moyens de leurs ambitions.

Fort heureusement des initiatives privées et publiques conjuguent désormais leurs efforts pour soutenir les entreprises de taille plus modeste, avec la création d’incubateurs, de réseaux d’entraide, de bureaux de mise à niveau ou encore de maisons de l’entreprise.

Les succès d’entrepreneurs ont ainsi fini par percer et capter l’attention du grand public, favorisant la promotion du développement endogène, cette volonté de doter l’Afrique de ses propres moyens. Il était plus que temps de se rendre compte que les TPE, PME et PMI fournissent en Afrique une écrasante majorité des emplois, formels ou informels, et permettent ainsi une diffusion large des richesses et savoirs. Présentes sur l’ensemble des territoires, elles sont également le vecteur d’investissements plus équitablement répartis, évitant de déséquilibrer les régions et de creuser les tensions sociales. Très innovantes, les PME sont aussi à l’origine de nombreux projets véhiculant progrès technologique, social et environnemental ; elles participent ainsi très activement à un développement durable.

De plus, la jeunesse du continent africain, la diffusion de nouvelles technologies sur mesure et l’apport potentiel conséquent de sa diaspora en ressources matérielles et intellectuelles, entretiennent cette dynamique entrepreneuriale très forte. La nouvelle classe d’entrepreneurs deviendra très rapidement un levier sur lequel compter, et dont il convient donc d’anticiper les besoins.
 
Photo: Nord du Mali
Coopérative d’assemblage de machinerie agricole. En ayant recourt à divers fournisseurs, les artisans conçoivent des modèles répondant aux besoins et budgets des agriculteurs. La mécanisation est primordiale pour assurer de plus grands rendements dans la région et serait impossible si de tels ateliers n’avaient pas les moyens de préfinancer leurs commandes et de développer leurs activités à plus grande échelle; ce qui n’est pas toujours le cas.

mercredi 10 septembre 2014

LE SAVIEZ-VOUS...

... La production des entreprises africaines pourrait être améliorée de 40% en développant les infrastructures publiques (transport, électricité, traitement des eaux...)
source Banque Mondiale  Press Release No:2009/AFR/138



Début juin 2014, le Sommet de Dakar pour le financement des infrastructures en Afrique a réuni gouvernements, agences de développement, entrepreneurs et institutions financières pour identifier un ensemble de projets d’infrastructures à fort impact économique et accélérer leur réalisation.

On estime que l’urbanisation croissante contribuera à installer plus de 450 millions de nouveaux habitants dans les agglomérations africaines entre 2010 et 2040. L’accueil de ces nouveaux citadins est un véritable challenge à relever car les modes de financements traditionnels, états ou institutions financières, peinent déjà à répondre aux besoins de financement pour le maintien des infrastructures actuelles qui, de plus, restent à déployer vers les futures zones d’activité.
 
Suite à ce sommet, les axes d’amélioration à noter sont :
  • standardiser la préparation du pipeline de projets pour économiser sur les coûts d’analyse qui représentent entre 7 et 10% du coût d’investissement final des projets. Des mécanismes spécialisés sont nécessaires, tels que le Fonds de préparation des projets d’infrastructure du NEPAD (IPPF) et le fonds Africa 50 logé à la Banque Africaine de Développement. 
  • renforcer les Partenariats Public-Privé (PPP). Le processus d’élaboration de tout projet d’infrastructure nécessite une planification sur le long terme et appelle une plus grande harmonisation des règlementations et des politiques. Le cofinancement des états permet de partager, entre financeurs privés et états africains, la volonté d’assurer la réussite de ces projets, renforçant ainsi la stabilité des cadres légaux et fiscaux.
  • mettre en place des projets trans-territoriaux qui favorisent l’intégration économique et permettent des économies d’échelle, couvrant les besoins d’un nombre plus important de bénéficiaires.
Si les PME accompagnées par le FADEV bénéficieront certainement de l’amélioration graduelle de l’écosystème d’infrastructures, elles seront également capables :
  • de participer à leur niveau aux besoins des chantiers d’infrastructures et de leurs travailleurs,
  • d’assurer l’entretien des infrastructures mises en place,
  • d’initier des extensions des projets nationaux en local dans des domaines plus difficiles à financer par des fonds privés (électrification rurale, désenclavement par la réalisation de pistes, réseaux déconcentrés d’adduction d’eau et de collecte et traitement d’eaux résiduaires). C'est là où la lutte contre la pauvreté a un plus grand impact.
L’équipe du FADEV cherchera à sensibiliser les décideurs sur ces projets d'infrastructures pour intégrer l’utilisation de l'entrepreneuriat local dans ces investissements qui représenteront 100Md $ par an sur plusieurs décennies.